Le nom de Chazelles vient probablement de Casellae, maisonnettes.
Le grand cartulaire de l’Abbaye d’Ainay et de Savigny fait état d’une donation villae et église Saint Michel de Chazelles en l’an 969.
Le curé était à la nomination du Prieur de Saint-Romain-le-Puy du XIIème au XVIIIème siècles.
De l’église du XVème, il n’en subsiste que le superbe clocher qui en formait l’entrée. Les détails gothiques de ce monument sont taillés dans le granit avec beaucoup de fermeté et d’ampleur. Les baies géminées de l’étage supérieur, de même que le portail sont formées de voussures et colonnettes refouillées et accompagnées de pinacles. Des contreforts surmontés de fleurons s ‘appuient aux angles. Trois écussons décorent le linteau de la porte d’entrée. Le tympan de l’ogive est ajouré d’enroulements de style flamboyant. Le reste de l’église a été refait en 1863 par l’agent-voyer BRIVET dans le style du clocher. En 1679, bénédiction d’une troisième cloche appelée Marguerite ayant pour parrain Georges RONZAULT, écuyer Seigneur de Chazelles et de la Pierre, pour marraine Marguerite de BARSON, épouse d’Allard.
Chazelles avait autrefois une brigade d’employés des fermes : les gabelous.
En 1772 et 1790, les registres paroissiaux signalent des tremblements de terre à Chazelles.
Au nord de l’église sont des bâtiments servant de cure et qui abritait un collège. La porte en beau granit moucheté de noyaux de quartz est du XVIIIème. Elle porte l’inscription :
Valeas virtute irrumpere iniquitates, 1787
Dans le mur est un bénitier avec un écusson.
Les hameaux de Gruel et Vioville sont mentionnés en 1212. A cette époque, Guy IV, comte de Forez, les donna en échange du terrain nécessaire à la construction de la Collégiale Notre-Dame à Montbrison, à Guichard VERD, Seigneur de Chazelles.
Cette commune abrite deux châteaux : La Pierre-Duron et le Poyet qui, sous l’ancien régime, étaient le siège de seigneuries :
La Pierre-Duron
(ou seigneurie de Chazelles), au nord-ouest, dont dépendait le bourg de Chazelles et toute la partie ouest de la paroisse. Le seigneur possédait la haute, moyenne et basse justice.
Le Poyet, au sud-est, qui avait juridiction, notamment sur les villages de Vioville et Châtelville.
Le château de la Pierre-Duron se compose de trois corps de bâtiments accolés et distincts que flanquent trois tours rondes. A l ‘est se trouve une belle façade avec perron.
Une pierre sculptée aux armes de la famille d’Allard est encastrée dans la muraille du côté de la cour. Un étang agrémente le parc.
Avant la construction du château, le seigneur de Chazelles habitait dans sa maison-forte sise au bourg de Chazelles. Damas Verd de Perers en rend hommage le 13 juillet 1334 et Guy Verd de Perers le 8 décembre 1373. Ces deux documents ne mentionnent à la Pierre-Duron que de simples redevances. Le 18 mars 1345, grâce à une sentence de justice, on apprend qu’il y a un village.
Une pierre sculptée de monogrammes religieux laisse supposer l’emplacement d’une grange monacale.
La maison-forte de Chazelles, en ruine, le nouveau seigneur de Chazelles, Ronzault, fit construire, à la fin du XVème siècle, le château de la Pierre-Duron.
Il se compose :
“… en corps de logis d’habitation, tours, prisons, colombier, jardin, bois et forests d’aute fustaye…. “
La seigneurie de Chazelles, puis de la Pierre-Duron, fut la propriété des familles :
Puy, Verd, Rosnins et Dalmas de 1334 au XVème siècle (dates approximatives).
Ronzault de Puzieu de la fin du XVème siècle à 1694 ;
D’Allard au XVIIIème siècle ;
Courtin de Neufbourg de 1772 à 1886 ;
D’Assier en 1886 ;
Sirvanton puis Baudot-Sirvanton ;
Béal depuis 1998.
Plusieurs actes tirés des minutes du notaire Barrieu et déposés aux archives de la Diana nous permettent de savoir, assez précisément, en quoi consistait, à la veille de la Révolution la « terre et seigneurie du Poyet ».
LA PIERRE CONTRE LE POYET
Emile Salomon écrit, qu’en 1312, Guichard du Poyet fait hommage de sa maison forte du Poyet. Pour sa part, Dom Renon indique que Jean du Poyet, chantre, puis vers 1366, treizième doyen du chapitre de Notre-Dame de Montbrison serait né au château du Poyet dont il aurait été le seigneur. Cependant l’acte de vente datée de 1771 nous apprend que la “terre et seigneurie du Poyet en toute justice” a été érigée par Guy VII, Comte du Forez, le 1er septembre 1341 en faveur de Guichard de Saix.
Cette terre noble s’oppose aussitôt à celle, plus ancienne (suivant l’acte déjà cité) de la Pierre, dont le maître est aussi le “seigneur du clocher” de la paroisse de Chazelles-sur-Lavieu.
Le différend porte essentiellement sur le hameau de Gruel, aux confins de la paroisse de Gumières, dont les deux seigneurs prétendent détenir la justice.
Un procès s’ensuit qui oppose Dalmais de Perier, seigneur de la Pierre et Guillaume de Saix, oncle et tuteur d’Antoine, fils de Guichard de Saix, seigneur du Poyet. Une sentence comtale du 18 mars 1344 accorde au seigneur de la Pierre et Chazelles la justice du hameau sans pour cela que toute contestation soit définitivement éteinte. La constitution de la seigneurie du Poyet est confirmée le 14 février 1371 par Jeanne de Bourbond, comtesse de Forez.
Le fief passe ensuite à la famille des Ayes puis aux Trunel, banquiers montbrisonnais.
Au XVIIème siècle, les Gadagne en deviennent propriétaires.
Le 1er septembre 1753, Claude de Laqueille de Pramenoux prête hommage pour le Poyet.
En 1771, le Poyet appartient à Aymard Chapuis de la Goutte, chevalier, lieutenant des maréchaux de France, qui réside habituellement à Montbrison. Il détient ce bien depuis 1759, comme héritier de son oncle, autre Aymard Chapuis de la Goutte, chanoine de Notre-Dame de Montbrison qui l’avait lui-même acquis du comte de Pramenoux le 10 avril 1754.
La détermination des limites des seigneuries de la Pierre et du Poyet est encore, en 1771, objet de chicanes. Jacques d’Allard, écuyer, seigneur de la Pierre dénie à Aymard Chapuis de la Goutte le droit de justice sur le village de Gruel, sur le territoire duquel le seigneur du Poyet possède pourtant un domaine.
Monsieur d’Allard obtient gain de cause et les deux seigneurs conviennent de régler définitivement leur querelle en procédant à la vérification des bornes entre les deux terres. Ils choisissent des commissaires et, se rendant en personne sur les lieux, font le 6 septembre 1771 un relevé précis des bornes indiquant la limite des deux justices.
Le partage de la paroisse de Chazelles-sur-Lavieu entre les deux fiefs répond d’ailleurs à une certaine logique géographique. La Seigneurie du Poyet, contigüe de la châtellerie de Lavieu est formée du tiers environ du territoire actuel de Chazelles-sur-Lavieu. C’est la partie basse de la commune. Elle comprend essentiellement, en plus du Poyet, deux gros hameaux : Vioville et Châtelville entourés d’une assez vaste étendue de terres labourables.
La partie haute de Chazelles, plus boisée et accidentée, revient à la Seigneurie de la Pierre.
Elle comprend le bourg et les hameaux de Fortunières, Vanel, les Salles, le Mas.
Quatorze bornes sur une ligne presque droite et orientée nord-sud matérialisent la limite entre les deux juridictions. Longue d’environ deux kilomètres, elle part, au nord, de la croix du hameau de Rochebise pour aller jusqu’au “grand chemin tendant de Saint-Anthème à Margerie et à Sury appelé le chemin ferré” près du village de Gruel en suivant la lisière du bois du Poyet qui sert, en quelque sorte, de frontière. Les bornes, pierres dressées ou rochers naturels, espacées irrégulièrement (de 50 à 250m suivant les difficultés du terrain) sont marquées d’un nombre variable de trous (de deux à onze) et situées le plus souvent sur des éminences parfois au milieu d’un chirat.
JOSEPH BAROU – Village de Forez n° 65 (extraits)